L'évolution du roman : 2. Le roman courtois et le roman de chevalerie
C'est dans le sud de la France, grâce au troubadours, poètes de langue d'oc, que se diffuse le roman courtois. Il s'agit d'un ensemble de récits gravitant autour d'un idéal : la courtoisie.L'idéal de courtoisie est en fait un mode de vie qui concilie vie de cour, vie amoureuse, et principes chevaleresques. Reprenant le système féodal, le roman courtois substitue la Dame au seigneur. Le chevalier se soumet entièrement à sa dame et lui offre ses services. Chacune de ses actions, chacun de ses combats, chacune de ses prouesses sont réalisés dans le seul but de plaire à la femme aimée et de lui faire honneur. Les romans courtois empruntent majoritairement à la matière de Bretagne, contrairement aux romans lignagers qui privilégient le matériau antique. (voir article matière antique, matière de Bretagne - en construction-).
- L'amour courtois-
Il s’agit en fait d’une nouvelle valeur que la société féodale associe à l’idéal chevaleresque, à partir du XIe siècle en langue d’oc et du XIIe siècle en langue d’oïl, où l’amour entre au cœur des préoccupations du chevalier. Le service du chevalier ne se limite plus à l’action guerrière ni à l’aventure merveilleuse, un autre service y est ajouté : le service d’amour. Le chevalier se bat désormais pour sa dame dont il porte les couleurs. Cette forme d’amour est basée sur un code d’honneur que le chevalier se doit de suivre scrupuleusement. La récompense amoureuse résulte d’une conduite très réglementée et de l’application d’une discipline de fer. Les romans de la Table Ronde, particulièrement, érigent l’amour courtois en valeur indissociable de l’idéal chevaleresque, valeur exigeant une attitude galante de la part du chevalier. La nécessité de plaire à sa dame régit tous ses gestes et guide véritablement l’action du roman. Cet amour pousse le chevalier à se surpasser et à porter les qualités chevaleresques à la perfection. Le rapport unissant les amants est presque féodal, la dame devenant la suzeraine du chevalier
La courtoisie engendre le roman de chevalerie et peut donc être vue comme un courant artistique en correspondance avec les valeurs de la société du XIIe siècle. Il s'agit d'une phase très importante dans l'évolution du roman français puisqu'il définit de nouvelles thématiques et présente une structure qui le rapproche grandement du roman moderne et achève la distinction entre poésie et narration. Jusqu'au XIIIe siècle, le roman de chevalerie se pose comme le modèle romanesque par excellence dont il sera très difficile de s'affranchir par la suite.
Textes à lire :
- Chrétien de Troyes, Romans de la Table Ronde, Paris, Le Livre de Poche, 2002.
- Tristan et Iseut. Les poèmes de la saga norroise, Textes originaux et intégraux présentés, traduits et commentés par Daniel LACROIX et Philippe WALTER, Le Livre de Poche, 1989.